Lyne Bansat-Boudon
Poétique du théâtre indien. Lectures du Nāṭaśāstra
Lectures du Nāṭaśāstra, lectures du traité du théâtre où l’Inde ancienne inscrit les lois et les principes d’un art total convoquant sur la scène, avec le texte dramatique et le jeu d’acteur, le chant, la musique et la danse.
Destiné au poète et à celui qu’il appelle « praticien » - l’acteur, qui est aussi le metteur en scène, le directeur de troupe et, symboliquement, l’architecte de son théâtre –, le Nāṭaśāstra est un art poétique au sens premier du terme en ce qu’il examine et codifie tout ce qui fait le théâtre : la construction de la salle, les rites de fondation et de propitiation, l’agencement de l’intrigue, l’écriture du texte, les conventions, le protocole de jeu, la danse, le chant, la musique et jusqu’au succès de la représentation.
Ainsi, parce qu’il la reconnaît pour l’essence du théâtre, le Nāṭaśāstra fait-il de la pratique l’essentiel d’un exposé où l’acteur est une figure centrale et rayonnante autant que Śiva, le Naṭarāja occupant la scène du monde.
Le Nāṭaśāstra, en effet, est aussi un art poétique en ce sens que la réflexion sur le jeu d’acteur lui est l’occasion de poser les fondements d’une théorie esthétique qui célèbre dans le théâtre le lieu même du rasa, la Saveur, si l’on s’en tient à l’étymologie du vocable, ou, figurément, l’émotion esthétique. Le rasa est à son comble au théâtre car le théâtre, c’est de la Poésie qui s’incarne, de la Poésie animée.
Le théâtre, c’est la Saveur. La Saveur, c’est le théâtre.